Primum non nocere ♦ Ombeline et Lily

Il était temps de faire preuve de quelques changements, tu le savais très bien et tu remettais toujours à plus tard ton intégration sociale. Ou plutôt une intégration plus poussée, où tu côtoies d’autres personnes que les Nymphes et dont la finalité est de te voir discuter plus régulièrement avec des êtres humains plutôt que des plantes. Des journées déjà étaient passées depuis le moment où tu avais réalisé qu’il fallait changer cela, des journées passées dans ta zone de confort plutôt qu’à la recherche d’un logement citadin, d’un travail, ou même d’amis. Tu étais pour le moment parvenue à parcourir les rues de Lakewood dans le but de réaliser au moins l’un de tes trois objectifs, sans pour autant avancer sur un seul d’entre eux. Aujourd’hui tu avais enfilé de solides bottines pour te motiver à aller dans une agence immobilière qui te permettrait d’avancer dans ton projet de logement. Empruntant une multitude de détours par parcs et ruelles, c’est depuis le croisement d’une rue et d’une avenue que tu aperçois au loin une devanture que te frappe à l’œil. Lowell’s Herbalism sont les lettres qui décorent celle-ci, et indiquent sans nul doute que c’est le moment pour toi de tenter ta chance. Tant pis pour le logement, l’emploi peut aussi être une alternative à ton programme journalier que tu ne faisais que retarder depuis l’aube.

Une odeur enivrante vient chatouiller tes narines lorsque tu pousses la porte cliquetante de l’officine. Les yeux fermés tu respires à plein poumons les effluves qui parviennent jusqu’à toi par vagues différentes. Lavande et eucalyptus. Cassis et hibiscus. Romarin et violette. Des mélanges tantôt apaisants, tantôt écœurants, mais qui te font dessiner un léger sourire au coin des lèvres. Tes paupières se relèvent et parcourent les étiquettes accrochées aux étagères et sur tous les bocaux et fioles qui parcourent les murs de l’herboristerie. Ton regard ne sait où s’arrêter et ne le fait pas, il file de droite à gauche en une fraction de seconde et vice et versa, jusqu’à se fixer sur une mince silhouette, debout derrière un comptoir boisé. Tes yeux plongent au travers des siens, tes doigts s’entremêlent dans ton dos et tu parviens à lâcher ces mots d’une traite sans même bafouiller : « Bonjour, j’aimerai avoir un travail ici. » Va falloir t’améliorer pour ton interaction sociale par contre.

Lily & Ombeline

Primum non nocere

Les senteurs qui tournoient dans l'herboristerie ont toujours ce pouvoir d'apaiser Ombeline. Si elle a accepté de reprendre la gestion de l'établissement face à l'envie de son grand-père de partir à la retraite, ce n'est pas un hasard. Sa formation initiale est celle d'herboriste, après tout, comme un écho à ses pouvoirs alors qu'elle a cette connexion innée avec la Terre. Elle ne se serait jamais vue comme autre chose qu'herboriste, dans aucun autre métier que celui lui permettant d'être au contact des plantes et de la terre à longueur de journée. Sa propre odeur corporelle est en accord avec cette vocation, doux mélange de Terre et de gingembre, mêlé à quelques touches de lys. Son odeur change régulièrement, au fil des potions qu'elle concocte, des plantes qu'elle manipule, des baumes qu'elle utilise. Mais elle a toujours cette particularité d'être étonnement naturelle, rappelant la douceur et la complexité d'une forêt ou d'un jardin.

La porte du magasin s'ouvre, la petite clochette tintant sur le passage d'un client, et Ombeline sort de l'arrière-boutique en essuyant ses mains sur son tablier pour se mettre derrière le comptoir. Elle observe la nouvelle venue, qui erre dans l'herboristerie sans vraiment avoir l'air de savoir ce qu'elle veut. Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la gérante. Le comportement de la jeune femme est curieux, certes, mais elle a l'air d'être littéralement dans son élément. Et c'est toujours avec un même sourire que la sorcière accueille la jeune femme, lorsque cette dernière s'approche enfin du comptoir. « Bonjour, bienvenue chez Lowell's Herbalism. Je peux faire quelque chose pour vous ? » demande-t-elle. Si elle s'attendait à la réponse de la demoiselle, sûrement aurait-elle réagit autrement. Mais c'est un vrai éclat de rire qui lui échappe devant la demande de la jeune femme. Se reprenant, Ombeline acquiesce. « Pardon, vous êtes très franche, ce n'est pas habituel. » se justifie-t-elle.

« J'ai une place de préparatrice qui est libre, actuellement. Mais il faut savoir être polyvalent, pouvoir également conseiller les clients de temps à autre. Et, avant d'aller plus loin, j'aurais une question qui pourrait vous paraître éventuellement étrange. Avez-vous déjà entendu parler des Fondateurs ? » La majorité de la clientèle de l'herboristerie étant une clientèle magique qui ne s'en cache pas au vue de la réputation de l'établissement d'être avant tout un lieu magique, Ombeline avait dû mettre une technique de recrutement particulière en place. Quelque chose d'assez explicite pour être reconnu par les êtres magiques, mais d'assez discret pour que les êtres non magiques ne soient pas suspicieux. « Oh ! Et avez-vous une lettre de motivation et un CV à me laisser ? » Remettant un cadre à la demande de la jeune femme, elle ne se doute pas qu'elle la met au pied du mur, et face à la réalité du monde du travail. On ne peut définitivement pas arriver dans un établissement et repartir avec un travail juste parce qu'on le demande...

AVENGEDINCHAINS

Ce sont un éclat de rire et une voix douce qui te répondent aussitôt, te qualifiant de franche au passage. Ca c’est une première, si un adjectif devait te coller à la peau, ce ne serait en tous cas pas celui-ci qui nous viendrait en premier à l’esprit. Un sourire sur les lèvres de la jeune femme te rassure un minimum. A moins que ce ne soit de la moquerie, due à ton manque d’expérience en interaction sociale ? Les yeux virevoltant dans tous les coins de son visage, tu ne peux t’empêcher de penser que tu ne la reconnaitrais de toute manière jamais. Alors tu aperçois plutôt le tablier qu’elle arbore par-dessus ses vêtements, et tu laisses ton ouïe prêter attention aux intonations de sa voix, ni fluette ou grave. Juste douce et apaisante, dont les sonorités forment des mots clairs et articulés avec attention. Une voix en accord avec l’odeur qui reste la même autour de cette femme, une pointe de lys qui t’est on ne peut plus familière vient se mêler à un étrange mélange de terre et de gingembre. Est-on réellement auteur de notre odeur de toute manière ? Une chose était cependant sûre, tu ne la confondrais avec aucune autre.

L’interrogation peut se lire sur son visage, elle attend de toi une réponse. C’est tout de même dommage qu’à chaque rencontre (qui pourtant sont bien assez rares) que tu fais, tu te concentres tout d’abord sur les signes qui distinguent cette personne d’une autre plutôt que d’écouter ce qu’on te raconte. N’ayant absolument aucune idée de ce que cette femme attend de toi tu la regardes d’un air benêt, ne sachant ni comment agir, ni comment reprendre poliment la conversation. De toute façon tu le sais au fond de toi, tu viens de réduire ta chance à néant avec ton attitude, exigeant un travail pour ne même pas écouter la réponse qu’on te donne. Et voilà que le coup de grâce t’es porté : une lettre de motivation et un curriculum vitae. Tournant les talons les yeux humides, tu refais cingler la clochette au dessus de la porte lorsque celle-ci te laisse le passage vers l’extérieur.

Marchant deux ou trois mètres sans même savoir dans quelle direction te rendre, tu aperçois deux gouttes d’eau mouiller tes bottines, mains dans les poches, la fleur de lys se rétractant soudain à même la terre dans la cage de cristal contre ta poitrine. Et maintenant quoi ? Tu allais simplement rentrer dans ton cocon et ne rien faire jusqu’à demain, continuer à tout repousser à un jour prochain, et ainsi de suite jusqu’à ce que les siècles se passent ? Après tout tu redevenais toi-même, un peu lâche. Pourtant on venait de te dire que tu étais franche. A cette pensée tu relèves la tête du trottoir goudronné et serti de vieux chewing-gums écrasés, fourres ta sphère de cristal sous ton tee shirt et retournes à grandes enjambées dans l’officine que tu viens de quitter.

Déboulant à toute allure entre les rayons, tu saisis alors à tour de rôle les bocaux en les ouvrant pour certains, regardant simplement au travers le verre d’autres et ne cesse de courir dans tous les sens en répétant l’opération jusqu’à finir devant le comptoir, les bras chargés d’herbes et essences. « Ca c’est de la molène, une infusion de ses feuilles dégage largement les voix respiratoires, vous avez préparé là une décoction d’astragale qui renforce le système immunitaire des personnes fragiles, vous avez là du pavot qui est un déstressant naturel mais malheureusement très mal dosé dans la majorité des cas, une infusion de sureau comme vous avez dans ce bocal permettra de combattre bien des virus éruptifs chez les enfants, vous avez ici préparé une essence de canneberge et d’échinacée qui règle la majorité des cystites urinaires aussi bien chez l’humain que l’animal, mais je n’ai en revanche pas trouvé sur vos étagères de millepertuis qui est pourtant un des meilleurs cicatrisants quand son huile est bien préparée. » Le souffle court, tu poses délicatement chacune des plantes médicinales devant la femme de terre et de gingembre. « Désolé, c’est le seul CV dont je peux vous faire part. »

Lily & Ombeline

Primum non nocere

Elle est étrange, la jeune femme qui vient de se présenter face à Ombeline. Elle semble perdue dans la contemplation du visage de la française. Cette dernière, un peu gênée, ne la rejette pourtant pas. A vrai dire, l'inconnue semble un peu perdue, un peu confuse de cette situation. Elle ne répond même pas à la question d'Ombeline. Perdue, c'est le terme, plus que perplexe, comme si elle n'avait pas vraiment entendu ce que la gérante venait de lui dire. Peut-être était-elle sourde ? Les sourcils d'Ombeline se froncent très légèrement. Elle cherche davantage à comprendre, à essayer de savoir comment adapter sa communication pour pouvoir laisser toutes ses chances à la candidate. Elle n'est pas de ses patrons qui rejettent d'emblée certaines candidatures sans même prendre le temps de faire passer un entretien. Ombeline a la patience de choisir soigneusement ses employés, quitte à perdre du temps parfois. Elle prend toujours ce temps d'étudier les lettres de motivation, se penchant en réalité très peu sur les curriculum vitae. C'est l'entretien d'embauche qui s'avère décisif. Elle y prend le temps de tester les connaissances réelles des candidats, leur capacité à reconnaître les plantes, et leurs connaissances des propriétés magiques et médicinales. Mais la jeune femme ne se laisse même pas la chance de pouvoir avoir un entretien. Ombeline aurait juré voir les yeux de l'inconnue s'humidifier, avant qu'elle ne tourne les talons, laissant l'élémentaire bouche bée.

Mais il ne faut pas très longtemps pour que la sorcière voit la candidate débouler à nouveau dans l'herboristerie, saisissant plusieurs flacons, dans une excitation un peu étrange. Observant la scène en se tenant prête à agir en cas de nécessité, Ombeline reste quelques instants stupide en voyant la jeune femme revenir vers le comptoir... et donner des informations tout à fait exactes sur l'intégralité des plantes qu'elle a choisi. Ouvrant et refermant la bouche, regardant les flacons au fur et à mesure qu'ils sont posés tout en écoutant la demoiselle, Ombeline fini par sourire légèrement. « Vous avez terminé ? » demande-t-elle, le plus sincèrement du monde. « C'est parfaitement exact, vous pouvez souffler un grand coup. Nous avons du millepertuis, mais nous le vendons directement en baume, c'est plus simple pour la grande majorité des clients. » Elle continue de lui sourire, ouvrant la barrière qui donne accès au comptoir et à l'arrière-boutique. « Si vous avez quelques minutes, j'aimerais vous recevoir en entretien. » Elle lui fait signe de la suivre, s'engouffrant dans une pièce interdite au public, où les senteurs de diverses plantes se mélangent. L'endroit est un véritable paradis pour les amoureux des plantes diverses, aménagé de sorte de récréer des conditions naturelles et adaptées aux différentes familles de fleurs et autres herbes cultivées et entretenues ici. En ce sens, d'ailleurs, avoir comme pouvoir la phytokinésie est indéniablement utile à Ombeline. Toutes les plantes présentes resplendissent de santé, démontrant la qualité de leur pousse et de leur maintien.

C'est une petite chaise que la gérante montre à la candidate. S'installant elle-même de l'autre côté du bureau, la sorcière sort de quoi écrire ; simple carnet pour prendre des notes. Son accent écossais se fait de nouveau entendre, alors qu'elle ajoute avec douceur : « Je vais vous poser trois ou quatre questions. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, d'accord ? Ensuite, je vous ferais passer quelques test. Des test de connaissance, d'une part, puis une sorte d'exercice pratique. Et d'ici demain, je vous contacterais pour vous donner ma réponse. C'est bon pour vous ? » Ombeline attend d'être sûre que son interlocutrice saisit les mots qu'elle prononce, ayant pris soin de parler calmement, sans précipitation. Elle n'est pas là pour la mettre en difficulté, ce n'est pas son but. Elle ajoute, avant toute chose : « D'ailleurs, je m'appelle Ombeline Carrow, je suis la gérante de cet endroit. Et, promis, je n'ai jamais mangé personne. » Elle rit légèrement, essayant de détendre l'atmosphère « Ça va aller ? Bien. Est-ce que le terme « Fondateurs » vous est familier ? » Elle pose la question en toute légèreté, malgré le caractère décisif de cette dernière, et poursuit : « Pouvez-vous me donner votre nom, prénom, âge et date de naissance, s'il vous plaît ? » C'est un aspect purement administratif, bien sûr, mais Ombeline se doit de poser la question. « Et enfin, avez-vous une expérience sur un poste équivalent à celui de préparatrice en herboristerie ? Et si oui, quelles études avez-vous faites ? » Lui adressant un grand sourire, Ombeline conclut par : « Voilà, ce sont les seules questions que j'ai besoin de vous poser en premier lieu. Je vous écoute. » Se tenant prête à noter les réponses de la jeune femme, Ombeline s'arme de son stylo, en lui laissant tout le temps nécessaire pour formuler ses réponses.

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C’est haletante que tu l’entends te confirmer tes affirmations un léger sourire aux lèvres. Qu’est-ce que ça veut dire, que t’es prise pour le job ? Mais quand est-ce que tu dois venir ? Dès maintenant ? Demain matin, mais à quelle heure ? Quelle drôle d’idée d’avoir voulu un travail. Avant de laisser ton cerveau repartir sur une série de questions sans réponses, tu te retiens de lui préciser que le millepertuis en baume est bien moins efficace et prends plus de temps à agir. Faire la miss je-sais-tout pourrait peut-être jouer en ta défaveur. Ouvrant le passage qui mène à l’arrière du comptoir et ainsi dans ce que tu supposes être le bureau et laboratoire, elle accompagne ses gestes d’une simple phrase. Comment ça un entretien ? Maintenant ? Mais comment ça fonctionne ? L’angoisse te tétanise, mais plutôt que de faire demi-tour et partir le plus rapidement possible, tu avances sagement d’un pas hésitant à la suite de la jeune femme aux intonations écossaises.

La salle dans laquelle tu fais irruption est bordée de plantes en bonne santé, tu les sens reposées et bien installées ici et ne manquant de rien, au milieu desquelles se dressait de quoi s’asseoir ainsi qu’un bureau de travail on ne peut plus administratif. Mais l’ambiance était agréable, et tu sentais contre ta poitrine que la pousse de lys émergeait de terre d’un petit trait vert et souple. Prenant place sur la petite chaise posée devant le bureau, tu attends les instructions que la jeune femme mince en tablier, à l’accent écossais, et aux odeurs de lys, terre et gingembre allait te donner. Tu commences aussi à te dire qu’il faut arrêter de laisser ton cerveau divaguer pour éviter de construire des pensées à rallonge.

Tu hoches la tête quand elle te demande si tu as bien tout compris, puis tu tends l’oreille, même si tu ne peux pas t’empêcher de penser qu’elle pourrait de dispenser du test de connaissances après ce que tu viens de lui faire comme scène dans son herboristerie. Tu apprends son nom et son prénom, ainsi que son poste dans la boutique. Sa gentillesse t’est confirmée par ses traits lorsqu’elle lance une légère blague à la suite des présentations, à laquelle tu restes de marbre. Tu fais déjà bien assez d’efforts pour rester uniquement concentrée sur les mots qui sortent de sa bouche, il ne fallait pas non plus que tu te laisses partir dans les analyses de ses blagues. Première question : les Fondateurs. Tu stockes cette information dans un coin de ta tête. Au moins tu sais que tu as affaire à une entité magique. La seconde question est simple, ça te concerne directement. Tu la stockes aussi. Troisième question : ton expérience et tes études. La dernière était compliquée en revanche, tu n’avais rien de tout ça, à part le fait d’être une Nymphe. Tu réfléchis quelques instants en formulant tout d’abord tes réponses dans ta tête, puis tu te lances. « Les Fondateurs forment la plus haute entité magique Bénéfique, ce sont des Êtres de Lumière. Deuxièmement, je suis Cooper Lily, je suis née un 18 octobre et j’ai deux c… vin… trente-quatre ans… » Tu t’arrêtes là. Pourtant tout était préparé dans ta tête, tu n’avais plus qu’à le réciter. Et pourquoi tu bloquais ? Après tout si elle te demandait qui sont les Fondateurs, c’était bien pour savoir si oui ou non tu étais Innocente ou non. Mais tu savais qu’il était des choses quant à ta nature à ne pas révéler à qui que ce soit. Tu reprends alors d’une voix beaucoup moins franche qu’auparavant. « J’ai 237 ans, et je n’ai aucune expérience professionnelle. » Tes yeux s’arment de doute et tu la regardes d’un air interrogateur, comme pour savoir si cela lui suffirait ou si elle t’avait prise pour une folle totale.

Lily & Ombeline

Primum non nocere

Les personnes possédant une véritable timidité sont rares, mais la jeune femme qu'Ombeline a sous les yeux en possède toutes les caractéristiques. Cela pousse d'autant plus la géokinésiste à faire preuve de bienveillance à l'égard de cette singulière candidate. Candidate, par ailleurs, qui affiche de réelles connaissances dans le domaine de la botanique, ce qui ne laisse pas la sorcière indifférente. Après tout, elle a besoin de personnes passionnées et calées pour faire tourner cette boutique. Visiblement, la jeune femme est concentrée sur les mots de la gérante. Ombeline note tranquillement, entre deux phrases, que le lien avec la clientèle pourrait être difficile, avant de lui sourire sincèrement. « Les Fondateurs forment la plus haute entité magique Bénéfique, ce sont des Êtres de Lumière. Deuxièmement, je suis Cooper Lily, je suis née un 18 octobre et j’ai deux c… vin… trente-quatre ans… » Petit sourire amusé qui fleurit sur les lèvres d'Ombeline, qui se contente d'acquiescer. Bien, elle est face à un être magique, c'est déjà une bonne chose. Et quelque chose lui susurre à l'esprit qu'il ne s'agit pas d'une sorcière. « J’ai 237 ans, et je n’ai aucune expérience professionnelle. »

De nouveau, Ombeline sourit, notant « nymphe » sur son petit carnet qu'elle ferme avant de se relever pour aller chercher un pot contenant une fleur à peine éclose. S'il y a bien une chose que l'élémentaire sait des nymphes, c'est qu'il faut savoir gagner leur confiance. Ironiquement, elle n'est pas non plus sans ignorer qu'il s'agit des créatures les plus naïves qui puissent exister sur cette terre. « Je vais vous montrer quelque chose, Lily. » lui annonce-t-elle, posant le pot sur la table. Du bout du doigt, Ombeline vient effleurer la fleur qui se trouve là, la faisant fleurir doucement, jusqu'à la voir totalement éclore. Puis, le procédé inverse se produit, Ombeline se stoppant lorsque la fleur redevient un bourgeon. Offrant un nouveau sourire à Lily, c'est ensuite sur la terre contenue dans le pot qu'elle se concentre, pour la faire se mouvoir jusqu'à créer une petite silhouette ressemblant à celle de la candidate. « Je suis une sorcière élémentaire. Mes pouvoirs sont la géokinésie et la phytokinésie. Mes talents de phytokinésiste, cependant, s'arrêtent à faire grandir ou mourir une plante. » Elle laisse la petite silhouette redevenir une simple surface de terre dans le pot, avant de le mettre un peu de côté.

« Vous êtes une nymphe, n'est-ce pas ? Je suis une descendante des Lowell, vous n'avez rien à craindre de moi. » Les Lowell, un nom bien connu chez les nymphes, pour leur proximité avec ces dernières. Dès leur arrivée à Lakewood, cette famille s'était faite l'alliée des créatures des forêts, partageant avec elles l'amour et le soucis de la Terre. « Je ne vais pas vous faire l'affront de tester vos connaissances sur les plantes, vous en savez certainement bien plus que moi. On va commencer doucement. Vous ne serez pas en temps plein tout de suite, pour que vous puissiez vous habituer au monde du travail. Disons, trois jours par semaine, pour commencer ? » Elle attend la réaction de la nymphe, avant de poursuivre ; « Il faudra vous former à la relation au client, pour pouvoir les conseiller et les orienter. Partons sur le fait que vous êtes prise ici, sur la base de trois jours par semaine, le lundi, mercredi et vendredi. Nous avons un peu moins de clients le matin, je vous formerais donc sur ces temps-là. » Nouveau sourire, alors qu'elle ajoute ; « Est-ce que ça vous convient ? Et est-ce que vous avez des questions ? »

AVENGEDINCHAINS

Tu te dandines sur ta chaise tant tu n’es pas à l’aise. Le visage de la jeune femme en face de toi s’anime à chacun de tes mots, est-ce du jugement ? De l’amusement ? De la moquerie ? Rien de tout cela ? Tu l’observes se lever pour revenir les mains autour d’un pot de terre de laquelle émerge une jeune fleur. D’une caresse sur un pétale à peine visible de la part de l’herboriste, la fleur se met à grandir pour atteindre le paroxysme de sa splendeur. Et enfin elle se rétracte aussi soudainement qu’elle venait de se libérer pour redevenir un simple bourgeon. Serais-tu assise devant une autre nymphe ? Impossible, tu l’aurais déjà vue, tu serais forcément au courant de son existence. La suite des gestes de la jeune femme vient t’aider à deviner sa nature, tu la regardes faire, tes yeux pétillant d’émerveillement comme un enfant découvre un feu d’artifice pour la première fois. Ton visage se crispe néanmoins lorsqu’elle te dit qu’elle parvient aussi à faire mourir les plantes. Dans quel but ? Une plante n’avait pas à mourir prématurément, pourquoi la pousser à le faire ? Chassant cette idée de ton esprit tu te concentres sur la suite de ses paroles.

Tu avais en face de toi une sorcière élémentaire, tout droit descendant de la lignée des Lowell, famille de sorciers on ne peut plus alliée des nymphes, dont le nom t’es connu depuis ta naissance. Au final, tu ne pouvais que l’aimer cette jeune femme, mis à part si elle se mettait à faire mourir les plantes à tout va. Acquiesçant d’un mouvement du menton à chacune de ses propositions, tu te demandes tout de même si tu es capable de faire ce que tu es en train d’entreprendre. La petite fille isolée pendant deux siècles va se retrouver à côtoyer une sorcière trois jours par semaine, ayant pour mission de conseiller des personnes totalement inconnues. Tes genoux flageolent en pensant à cela, au même moment où Ombeline te demandes si tu as des questions. Un moment de blanc où tu la regardes avec des yeux vides, avant de le rompre. « Et pour les clients, c’est obligatoire ? Je ne peux pas juste rester là à m’occuper des plantes ? »

» Lily C. ♦ Qui est qui ?
» ombeline - i believe in you, mother earth
» La main dans le sac ♦ Calvin & Lily
» (15/07/1800) Fleur de Lys ☾ ft Lily Cooper